Transferts de charges vers les mutuelles

Le transfert vers les mutuelles d’une partie des dépenses de santé. Qu’induit-il concrètement ? Réponse de son directeur administratif et technique, Jean-François Orsoni.

Par Eva Mattei
Publié le 1 décembre 2024 à 18:42, modifié le 27 février 2025 à 11:28
©Philippe Marini

Dans quelle mesure le transfert de charges va-t-il peser sur la Mutuelle de la Corse dans les mois à venir ?

Jean-François Orsoni : En 2025, notre mutuelle devra assumer la hausse des dépenses de santé due au vieillissement de la population, à la croissance de la consommation de soins qui va de pair avec la multiplication de l’offre, et à la revalorisation des actes des dentistes, auxiliaires médicaux, pharmaciens, médecins… Pour ces derniers, en plus de la consultation à 30 euros, la prise en charge de la mutuelle passe de 30 à 40 %. Toutes ces évolutions représentent 3 millions d’euros de dépenses supplémentaires dont un tiers pour les seuls médecins.

Quand verra-t-on la fin de ce transfert ?

J.-F. O. : C’est une vraie question qui nous préoccupe au quotidien. Ce transfert fait de la mutuelle une variable d’ajustement du déficit de l’Assurance maladie. Il permet aussi à l’Etat de récupérer le fruit de la hausse des cotisations au travers de taxes. Notre mutuelle est taxée à 14,07 %. 500 000 euros s’envoleront ainsi !

Quels sont les moyens déployés pour faire face, conserver une gestion rigoureuse et résorber le risque de charges indues ?

J.-F. O. : Il s’agit de faire attention à chacune de nos dépenses et de miser sur de nouveaux outils pour être toujours plus performants sans jamais renier notre mission de service. Chaque année, nous versons dans les 60 millions d’euros de prestations. En contrepartie, par notre travail, nous arrivons à éviter 800 000 euros de remboursements que d’autres doivent assumer. Certaines prestations sont censées être couvertes à 100 % par l’Assurance maladie, notamment pour les personnes bénéficiant d’une affection de longue durée (ALD), ce qui n’est pas automatiquement le cas…

En quoi les adhérents peuvent-ils aider la mutuelle ?

J.-F. O. : En nous prévenant lorsqu’ils sont victimes d’un accident, du travail ou non, et en précisant si un tiers est responsable car, dans ce cas, la mutuelle avance les frais et sollicite le remboursement auprès de l’assureur de ce dernier. Ou en nous faisant savoir qu’ils ont renouvelé leur ALD. Autant d’informations que nous ne détenons pas !

On parle de plus en plus de fraudes à la mutuelle. La Mdc est-elle concernée ?

J.-F. O. : Hélas oui ! Nous avons donc créé une cellule chargée de débusquer les fraudes, les erreurs et les doubles facturations. Nous nous servons de l’IA et nous pouvons dorénavant repérer les fausses factures par un contrôle des documents. Enfin, nous adhérons à l’Agence de lutte contre la fraude à l’assurance (Alfa) et sommes susceptibles de mener des actions coordonnées avec les autres assureurs.