Laurent Papazian
©Marianne Tessier

Laurent Papazian, praticien et chercheur du cœur

Il rêvait de rentrer en Corse. Quarante ans plus tard, exerce à l’hôpital de Bastia et transmet sa passion de la recherche en tant que professeur à l’université.

Par Eva Mattei
Publié le 1 septembre 2024 à 16:48, modifié le 27 février 2025 à 16:45

Praticien et chercheur de cœur

« Mon premier stage, je l’ai effectué en anesthésie, mais je passais déjà plus de temps en réanimation qu’au bloc. » Avec humour, le professeur des universités raconte sa tentative avortée de retour dans l’île à l’âge de 30 ans. « La communauté médicale était très favorable à ma venue. J’avais déjà acheté un terrain à côté de celui de mes parents.

En entretien, j’ai exprimé ma volonté de pallier certaines fragilités institutionnelles. Eh bien, je n’ai pas eu le poste et suis resté à l’hôpital Nord de Marseille, qui m’a encore “hébergé” pendant trois ans ! » Laurent Papazian s’est ensuite pris de passion pour la recherche, devenant universitaire à plus de 40 ans.

En 2022, son installation à Bastia s’est faite à la faveur des attentes, toujours fortes, de ses pairs insulaires, avec lesquels il n’a jamais coupé les liens, cultivés notamment dans le cadre de l’opération Tonnerre, qu’il a supervisée et qui permit d’acheminer, en mars 2020, 12 patients atteints du Covid à Marseille, où il était encore.

Aider à prendre la relève

Parmi les expériences marquantes, le médecin intensiviste garde en tête les liens tissés avec un pa- tient bastiais dont l’état initial ne présageait pas une issue favorable. « Lorsqu’il a, après plusieurs mois en réa, recommencé à manger et à boire, je lui ai fait apporter un verre de vin. Au-delà des résultats d’analyse, je voulais lui faire toucher du doigt le chemin parcouru ! »

Laurent Papazian, proche de la retraite, entend aider les jeunes à prendre la relève au sein de son service et continue d’accompagner la mise en place des 2ᵉ et 3ᵉ années de médecine à l’université de Corse. « Il faut que les étudiants voient ce qui se fait dans les hôpitaux corses pour avoir envie d’y revenir en internat. Et croire à la dynamique engagée pour un CHU insulaire, car on parle là d’une offre de soins renforcée et d’un outil de formation qui donnerait un coup d’accélérateur à la recherche universitaire corse.

Voyez le séminaire cortenais autour de la médecine et des sciences auquel je participe : il a déjà, au-delà de la seule cancérologie, fait émerger chez nous des projets d’envergure qui seront suivis d’autres tout aussi utiles au progrès médical. »