Médecine du futur au festival d’Arte Mare

Quoi de neuf docteur ? A la fameuse question de Bugs Bunny, thématique du 42e festival bastiais du film méditerranéen, un débat sur la santé de demain est venu apporter des réponses.

Par Eva Mattei
Publié le 1 décembre 2024 à 18:34, modifié le 27 février 2025 à 14:37
©Philippe Marini

Arte Mare interroge l’avenir de la médecine

Avec ses 70 projections dans tout Bastia, avant- premières, compétitions de films, expositions et rencontres de personnalités du cinéma et de la littérature, Arte Mare n’a pas fini d’étonner et de faire réfléchir.

Afin de mettre en perspective, au-delà du grand écran, l’univers d’Hippocrate, le festival, dont la MGEN est partenaire, accueillait le 28 septembre à L’Alb’oru, l’infectiologue Karine Lacombe, le gériatre Patrick Métais, l’interniste Jean-Jacques Zambrowski, le généraliste et cinéaste Thomas Lilti, ainsi que le président de la Mutualité Française, Eric Chenut.

« Comment sera-t-on soigné dans vingt, cinquante ou cent ans ? », lançait Christophe Bourseiller, animateur du débat. « Il ne faut pas tout attendre du médicament, rétorquait d’emblée Eric Chenut, mais travailler sur la prévention et la prescription de thérapies non médicamenteuses, mettre en place un grand plan sur l’iatrogénie* et opposer à la financiarisation de la santé l’homogénéisation des prescriptions. 

Aujourd’hui, on vit plus longtemps mais on ne vieillit pas forcément en bonne santé ! » Karine Lacombe confirme : « Au-delà des progrès imputables aux technologies dans le domaine curatif, jusque-là privilégié en France et onéreux, ce qu’il faut c’est innover en prophylaxie. »

Pour un système de soins intelligent

Défendant une médecine fine de l’observation, Patrick Métais rappelle « qu’aucune IA ne peut se mettre à l’écoute du patient pour optimiser le diagnostic ». « On a besoin de médecins dans les campagnes comme dans les quartiers urbains difficiles », insiste Thomas Lilti. Et Jean-Jacques Zambrowski de préciser : « En réalité, on n’a jamais eu autant de praticiens. Mais pour pallier un départ à la retraite, il faut maintenant recruter 2,1 médecins, tous n’étant pas disposés à travailler 70 heures par semaine. »

Pour les cinq intervenants d’Arte Mare, il s’agit d’organiser autrement les soins de ville en y associant les professionnels du paramédical, dont les métiers sont à revaloriser. « Pour autant, dixit Eric Chenut, notre système de soins ne représente que 20 % des déterminants de santé. Il y a aussi notre capital génétique et surtout nos conditions de vie sur lesquelles nous pouvons agir, par exemple en réaménageant nos villes pour y favoriser l’activité physique. » 

Pour la Corse, Patrick Métais met en avant le rôle à jouer par le gérontopole insulaire dans le repérage préventif des patients en perte d’autonomie. Quant aux jeunes ? « Nous devons y être aussi attentifs qu’à leurs aînés ! », concluent les experts.

*Ensemble des effets indésirables engendrés par la prise de médicaments.