Médecine du futur au festival d’Arte Mare
Quoi de neuf docteur ? A la fameuse question de Bugs Bunny, thématique du 42e festival bastiais du film méditerranéen, un débat sur la santé de demain est venu apporter des réponses.

Arte Mare interroge l’avenir de la médecine
Avec ses 70 projections dans tout Bastia, avant- premières, compétitions de films, expositions et rencontres de personnalités du cinéma et de la littérature, Arte Mare n’a pas fini d’étonner et de faire réfléchir.
Afin de mettre en perspective, au-delà du grand écran, l’univers d’Hippocrate, le festival, dont la MGEN est partenaire, accueillait le 28 septembre à L’Alb’oru, l’infectiologue Karine Lacombe, le gériatre Patrick Métais, l’interniste Jean-Jacques Zambrowski, le généraliste et cinéaste Thomas Lilti, ainsi que le président de la Mutualité Française, Eric Chenut.
« Comment sera-t-on soigné dans vingt, cinquante ou cent ans ? », lançait Christophe Bourseiller, animateur du débat. « Il ne faut pas tout attendre du médicament, rétorquait d’emblée Eric Chenut, mais travailler sur la prévention et la prescription de thérapies non médicamenteuses, mettre en place un grand plan sur l’iatrogénie* et opposer à la financiarisation de la santé l’homogénéisation des prescriptions.
Aujourd’hui, on vit plus longtemps mais on ne vieillit pas forcément en bonne santé ! » Karine Lacombe confirme : « Au-delà des progrès imputables aux technologies dans le domaine curatif, jusque-là privilégié en France et onéreux, ce qu’il faut c’est innover en prophylaxie. »
Pour un système de soins intelligent
Défendant une médecine fine de l’observation, Patrick Métais rappelle « qu’aucune IA ne peut se mettre à l’écoute du patient pour optimiser le diagnostic ». « On a besoin de médecins dans les campagnes comme dans les quartiers urbains difficiles », insiste Thomas Lilti. Et Jean-Jacques Zambrowski de préciser : « En réalité, on n’a jamais eu autant de praticiens. Mais pour pallier un départ à la retraite, il faut maintenant recruter 2,1 médecins, tous n’étant pas disposés à travailler 70 heures par semaine. »
Pour les cinq intervenants d’Arte Mare, il s’agit d’organiser autrement les soins de ville en y associant les professionnels du paramédical, dont les métiers sont à revaloriser. « Pour autant, dixit Eric Chenut, notre système de soins ne représente que 20 % des déterminants de santé. Il y a aussi notre capital génétique et surtout nos conditions de vie sur lesquelles nous pouvons agir, par exemple en réaménageant nos villes pour y favoriser l’activité physique. »
Pour la Corse, Patrick Métais met en avant le rôle à jouer par le gérontopole insulaire dans le repérage préventif des patients en perte d’autonomie. Quant aux jeunes ? « Nous devons y être aussi attentifs qu’à leurs aînés ! », concluent les experts.
*Ensemble des effets indésirables engendrés par la prise de médicaments.