Aux urgences, on attend 45 minutes de plus qu’il y a dix ans
Plus de trois heures s’écoulent entre l’enregistrement à l’accueil des urgences et la sortie. En une décennie, le temps passé aux urgences s’est allongé de quarante-cinq minutes. C’est le constat sans appel de la dernière étude de la Drees publiée le 19 mars 2025.

Plus de patients, plus d’attente
Selon l’enquête de la Direction statistique des ministères sociaux (Drees) publiée le 19 mars, se rendre aux urgences rime de plus en plus avec patience.
ont attendu plus de huit heures, un chiffre en hausse par rapport aux 9 % d’il y a dix ans.
En 2023, un quart des patients y a passé plus de cinq heures et demie, contre quatre heures quinze en 2013. Pire encore, 15 % ont attendu plus de huit heures, un chiffre en hausse par rapport aux 9 % d’il y a dix ans. Ces temps de passage très long concernent davantage les patients de plus de 75 ans (36 % d’entre eux) que les enfants.
Cependant l’attente varie selon le parcours des malades.
- Pour les 80 % qui rentrent chez eux sans être hospitalisé, la durée est d’environ deux heures et demie aux urgences, contre une heure cinquante en 2013.
- Ceux nécessitant une hospitalisation (11 % des patients) attendent cinq heures vingt, contre trois heures cinquante-cinq en 2013.
- Les patients placés en observation (9 %) sont les plus mal lotis : ils passent près de quinze heures en moyenne quand ils ne sont pas hospitalisés dans un autre service par la suite (douze heures et demi en 2013) et dix-neuf heures quand ils le sont (dix-sept heures en 2013).
Moins de généralistes, plus de monde aux urgences
Pourquoi cette hausse des délais ? La Drees met en regard la diminution du nombre de médecins libéraux entre 2013 et 2023 et l’augmentation des patients aux urgences. Résultat : 21 % des patients se rendent aux urgences faute de trouver un rendez-vous médical, contre 14 % en 2013.
Pourquoi va-t-on aux urgences ?
La traumatologie représente un tiers des passages aux urgences, et sans surprise, ce sont les 10-14 ans qui sont pris en charge à la suite d’accidents. Ensuite, arrivent la gastro-entérologie et les troubles cardio-vasculaires.
Lorsqu’un patient doit être hospitalisé, un lit lui est trouvé, dans la moitié des cas, en moins de quinze minutes. Mais dans 10 % des cas, l’attente dépasse six heures ! Heureusement, les décès aux urgences sont rares, note la Drees, représentant moins d’un patient sur 1 000.
Un constat alarmant
ont dû fermer temporairement faute de personnel.
Cette étude met en lumière la dégradation de la situation des urgences ces dix dernières années et le « manque récurrent de personnel par rapport à l’afflux des patients ». Entre mars et juin 2023, 8 % des services d’urgences ont dû fermer temporairement faute de personnel. Une tendance inquiétante, alors que les urgences sont déjà sous pression.